Les connotations métatechnologiques, artistiques, théâtrales, schizophrènes et transsituationnelles d’un corps-marionnette

Quelques associations liées aux marionnettes : le mécanique, le robotique, l’animé ; la symbiose de l’être humain et de la marionnette ; ce qui veut vivre, ou plutôt faire des mouvements ; le potentiel du mouvement sans un moteur, a priori représentant le cœur d’un geste ; l’idolâtrie ; le théâtre de marionnettes, Barbie et Ken, un ours en peluche, une poupée gonflable (ou non) pour satisfaire nos besoins sexuels, une poupée vaudou, un épouvantail, une poupée pour s’entraîner à la réanimation, la figure de Jésus sur la croix, le Bouddha assis, la bouche dans la pièce de théâtre Pas moi de Beckett, un mannequin de vitrine, une poupée de cire, un mannequin d’essai de choc, Sophia, la poupée anthropoïde, le robot R2-D2 de La Guerre des étoiles, etc. Une poupée analogue ou digitale en tant qu’objet d’animation, que composition, qu’assemblage de morceaux (et non d’organes, pas encore), en tant que mécanisme (machine) et non pas en tant que corps (c’est-à-dire, non pas dans le sens du corps aperçu comme quelque chose d’exclusivement organique, non machinal, sensible) ou, toutefois, en tant que corps. Une marionnette représentant une ruse, une chose n’occupant ni trois ni deux dimensions, qui a la facilité de passer, ou encore mieux, qui est en passage continu vers une image animée, vers la – presque littérale – image- mouvement, l’ensemble d’éléments variables qui agissent les uns par rapport aux autres /G. Deleuze/, tout en gardant une connotation anthropomorphe ou zoomorphe ; les tendances simultanées à la décentralisation et à la corporalité provoquant une tension ; c’est cette tension même, caractéristique de la marionnette, qui nous intrigue à ce stade, de la marionnette qui en est une et qui n’en est pas une, qui représente plus qu’un simple objet zoomorphe technologiquement ressuscité, artistiquement fonctionnel, et esthétisé.

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Résumé
Dans ce texte, je parle de la marionnette au sens large : d’une marionnette qui en est une et qui n’en est pas une, qui représente plus qu’un simple objet zoomorphe technologiquement ressuscité et esthétisé. J’accentue l’absence d’une limite entre l’animé et l’inanimé, ou plutôt la redondance de cette distinction. Je relie les connotations métatechnologiques, artistiques et théâtrales d’une marionnette, la conception d’image-mouvement de Deleuze et Guattari, et l’idée d’un corps sans organes. Je démontre qu’un corps-marionnette possède une immensité inhérente. Sa schizophrénie extrême lui permet de cocréer des transsituations : un corps- marionnette métasexuel et désincarné inscrit les performances dans l’espace-temps, qui agissent simultanément en tant que lignes de discours et gestes expérimentaux de sa propre émancipation, sans pour autant essayer d’éviter de heurter d’autres corps. Je contextualise le corps-marionnette en tant qu’acteur radical visant le protagonisme. Il peut prendre vie dans sa propre anima, représentant ici un autre nom de ce qui est potentiellement sensuel. L’idole que nous aimerions avoir, c’est nous-mêmes. Nous avons une possibilité illimitée d’animer la fonction et de replacer le contexte.


Mots-clés

Tendances simultanées à la décentralisation et à la corporalité, geste de l’actualisation, absence d’une limite entre l’inanimé et l’animé, immensité du corps-marionnette, transsituation, acteur radical, protagonisme, anima, plaisir, idole.


À propos de l’auteur

Nenad Jelesijević est un explorateur de la performance, de la représentation scénique moderne et du film. Il a obtenu un doctorat en philosophie et en théorie du visuel, et détient également un master en vidéo et nouveaux médias. Ses recherches se focalisent sur l’esthétisation de la rébellion, sur la politisation du trash, sur les potentiels de la désidentification et sur les pratiques transdisciplinaires. Il travaille en tant que théâtrologue, critique, professeur et directeur artistique, co-auteur et performeur au sein du tandem Kitch. Il est le directeur artistique de l’Institut de recherche et de production de performances Kitch dont il est également le cofondateur. Depuis 2006, il s’occupe de la programmation et des activités au sein de l’institut, coordonnant également le programme à long-terme intitulé Les théories et les pratiques d’une performance. Il a écrit plus de 200 textes publiés dans des revues scientifiques et professionnelles, dans des anthologies, dans des journaux quotidiens et hebdomadaires, dans différentes publications imprimées et en ligne, ainsi qu’à la radio. Ses contributions sur le théâtre, sur les performances, sur les films et sur l’espace public (critiques, commentaires, colonnes, émissions d’auteur) ont été continuellement publiées par RTV Slovenija, Radio Študent, Delo et Večer. Il publie régulièrement sur son blog intitulé Performans (www.performans.si), arborant également une sélection de textes dont il est l’auteur. Son livre Performans-kritika: zasuk v odpravo umetnosti [Performance-critique : pivotement vers l’annulation de l’art] a été publié dans la section théâtrologie de la Bibliothèque de MGL.


Une copie papier de l’article est disponible en Lutka (Nr. 60, 2019, pp. 108–113), une revue publiée par Théâtre de marionnettes de Ljubljana.